Amiante : scandale politique et judiciaire, drame humain et bombe à retardement
Scandale politico-judiciaire
À ce jour, en France, les victimes de l’amiante n’ont pas obtenu que les responsables soient jugés.
Cela concerne aussi bien les personnages politiques de l’époque impliqués, de par leur fonction, dans le scandale de l’amiante, que les responsables industriels.
Le Parquet de Paris, tout en reconnaissant « une impasse juridique » a demandé un non-lieu général pour les dirigeants d’Eternit en 2017 et, plus récemment, fin septembre 2018, pour ceux de l’équipementier automobile Ferodo-Valéo de Condé sur Noireau.
Si, comme il faut le craindre, les juges rendent des ordonnances de non-lieu, dans les prochains mois, nous pourrons saisir la chambre de l’instruction et ensuite la Cour de Cassation.
Prochainement, la Cour de Cassation doit se prononcer sur les recours formulés par plusieurs parties civiles qui contestent l’annulation des mises en examen de huit responsables nationaux mis en cause dans le dossier du campus de Jussieu à Paris et les Chantiers navals de la Normed, à Dunkerque.
Drame humain de l’amiante
L’amiante, deuxième cause de maladies professionnelles, est responsable de 3 à 4000 pathologies liées au travail.
Le C.I.R.C. (Centre International de Recherche sur le Cancer) est convaincu que l’amiante peut provoquer d’autres cancers que les cancers pulmonaires, comme les cancers de la sphère ORL (larynx, pharynx) de l’œsophage, du côlon, du rectum et même des ovaires.
Actuellement, au cas par cas, notre Association arrive à faire reconnaître le lien entre l’amiante et une victime qui présente un cancer ORL, mais après de nombreuses démarches, en particulier auprès de la C.P.A.M.
Bien entendu, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’une telle situation et nous avons décidé d’aider les victimes de ces pathologies non encore reconnues dans les démarches de reconnaissance en maladie professionnelle.
Bombe à retardement de l’amiante
Il est admis que les maladies en lien avec l’amiante pouvaient apparaitre dans un délai de dix à quarante ans après l’exposition à l’amiante et la contamination.
Il n’est pas déraisonnable d’estimer que l’amiante pourrait provoquer 100 000 décès d’aujourd’hui à 2025 et il est même certain que l’amiante tuera longtemps après cette date.
Après les victimes de l’amiante dite directes, c’est à dire ayant travaillé en contact avec les fibres d’amiante (sidérurgie, industrie automobile, port maritime, industrie du bâtiment…), on voit apparaître des victimes dits environnementales.
Le risque est maintenant représenté par l’amiante qui existe dans de très nombreux bâtiments (publics et privés) comme les usines, les bâtiments HLM, les écoles, les hôpitaux.
À l’association SOS Amiante, nous intervenons, souvent, pour des victimes de plus en plus jeunes, parfois âgés de 40 à 45 ans.
Plus de 80% des bâtiments publics contiennent de l’amiante et les écoles ne sont pas épargnées par ce fléau.
L’amiante est, effectivement, interdite dans les nouvelles constructions depuis 1997 mais beaucoup d’écoles, de collèges et de lycées ont été construits avant cette date et toujours utilisés.
Mais le désamiantage coute cher et l’État ne semble pas pressé d’intervenir alors que le désamiantage des écoles et des lieux recevant du public devrait être déclarée grande cause nationale.